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Inspiration

LE VEGETAL 13 September 2022

Peut-être l’avez-vous vu aux beaux-arts de Paris, la belle exposition « VEGETAL, l’école de la beauté ». Portée par la Maison Chaumet, cette exposition est avant tout un hommage à ce règne du vivant, à l’infinité de ses formes, de ses structures, de ses textures et de ses couleurs.

Des artistes, des scientifiques, des créateurs croisent leur regards en prenant la plante comme origine de leurs travaux.

Les plantes sont des sujets d’observation fascinants mêlant botanistes, illustrateurs, peintres, devenant modèles de cires avant de devenirs bijoux ; plus ou moins détaillés, les végétaux sont toujours scrutés avec attention au-delà des époques, des mouvements, des cultures et des techniques.

Cette exposition tente de redonner aux plantes un rôle central et historique dans la formation des artistes et la représentation du monde. C’est un regard porté sur le végétal qui nous interroge par sa présence ou son absence. La plongée botanique que nous offre cette exposition remet en question notre oubli contemporain de l’importance de l’observation, de la description des plantes, de leur intemporalité, universalité et fragile beauté.

La Botanique de la maison Chaumet se retrouve dans l’ensemble de ses archives d’une extraordinaire diversité : 66 000 dessins, 33 000 plaques de verre et près de 300 000 tirages photographiques, plus de 500 maillechorts qui ont inspiré près de 350 créations de joaillerie.

Le parcours nous emmène dans les différents paysages scénographiés dans lesquels les végétaux cohabitent naturellement : foret, estran, roselière, prairie et jardin.

Forêt : représenté pour ses qualités symboliques ou décoratives, l’arbre est un marqueur omniprésent dans l’histoire de l’art. On ne peut appréhender son identité qu’en l’observant et en le dessinant. Les détails des bourgeons,  des écorces, feuilles ou racines, moins étudiés gardent un mystère dans la particularité de leurs formes et organisations.

Le regard contemporain sur l’arbre est en pleine évolution, malgré les découvertes scientifiques récentes sa biologie reste en bien des domaines encore un mystère.

Estran : cet espace entre marée haute et marée basse, que nous offre le littoral est un extraordinaire amoncellement d’organismes et de formes de vie qui se dévoile à marée basse. La complexité du maintien de leurs silhouettes une fois sortie de l’eau complique leur représentation. De cette complication est né un technique photographique unique : le Cyanotype.

Roselière : les roseaux ourlent les étangs et s’étendent jusqu’à l’horizon et se courbent avec grâce. Leur densité peut masquer les nymphéas qui étalent leur feuilles flottantes et tranquilles. Ce réseau complexe fut une source d’inspiration pour l’architecture du Crystal Palace à l’exposition universelle de Londres en 1851, de la maison Christofle pour un plateau, des toiles de Claude Monet.

Ager : les céréales furent parmi les premières plantes à être domestiquées. Symbole de fertilité et de richesse, cette plante s’est vue transposées dans l’ornement des plus grandes figures de l’histoire. Cette flore humble reste une source d’inspiration pour René Lalique et Emile Gallé. Le jardin potager n’est pas en reste non plus, grappes, vrilles, chardons, courges  sont transcris dans une diversité de matériaux inattendue.

Jardin : Hortus : les fleurs nous fascinent avec leurs pétales duveteux, leurs étamines mordorées et leurs corolles éclatantes. Leurs formes, textures, infinie palette de couleurs ont été transposés dans tous les registres symboliques, politiques et artistiques.

A tant aimer les fleurs, l’être humain en a oublié la plante et perd de vue qu’elle n’est qu’un élément éphémère et n’existe que pour attirer, faner puis disparaitre.

« J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas… je les cultivais sans songer à les peindre…Un paysage ne vous imprègne pas en un jour…Et puis, tout d’un coup, j’ai eu la révélation des fééries de mon étang. J’ai pris ma palette. Depuis ce temps, je n’ai guère eu d’autre modèle. » Claude Monet

Millefleurs : Nos préoccupations actuelles vont au-delà des approches taxonomiste de la description des plantes et de leurs portraits. Notre regard contemporain sur le végétal est nourri de nouvelles découvertes autour de l’interdépendance et de la communication des plantes. Les artistes et les poètes ont pu traduire bien avant les scientifiques la réalité de ce tissu vivant.

La tapisserie millefleurs du musée de Pistoia reflète par sa dimension et son abondance de détails cette coexistence des êtres vivants. De même les portraits de Giuseppe Arcimboldo illustrent les liens existentiels qui unissent l’humain et le non humain.

Regardons nous encore avec attention ce monde qui nous entoure ? Peut on  encore sauver ce monde que l’on ne sait plus voir ?

En rendant perceptible à tous la beauté et la fragilité du vivant, les artistes sont les acteurs essentiels de son sauvetage. « La beauté sauvera-t-elle le monde ? » Monsieur Dostoïevski ?

Exposition réalisée avec le concours des Beaux-Arts de Paris et le soutien exceptionnel du Museum national d’Histoire naturelle, du musée d’Orsay et du musée du Louvre.

THM

Crédits photo: THM