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Evocation

HONG KONG MACAU L'Architecture comme expression de la vie, de l'économie du paradis et de l'enfer 22 September 2013

Hong Kong, New York, Honfleur sont nées du même désir d’armateurs- marchants d’être au plus près de leurs bateaux à leur retour des pays lointains en quête des marchandises nouvelles prisées par les consommateurs des 16ème, 17ème,  18ème, et 19ème  siècle : thé d’inde, porcelaine de Chine, soies de Xian et produits d’Europe, épices de Hong Kong, tissus, bois.

Dans chacun de ces ports, l’implantation et l’architecture des bâtiments se caractérise par une extrême densité. Serrés sur le port les uns contre les autres, ils se développent en niveaux superposés, affectés successivement aux entrepôts, bureau des armateurs, logements par manque de surface au sol.

Sur l’île de Hong Kong, la possibilité de s’implanter le long du rivage est limitée par les montagnes abruptes toutes proches et les édifices s’étagent le long de l’isthme entre HK et Kowloon, avec une occupation totale de l’espace : hyper densité, saturation… tout est occupé. Les commerces sont non seulement en pied d’immeuble mais aussi dans les étages, dans un même édifice s’entremêlent commerces, bureaux et logements. La moindre surface au sol est occupée pour être construite, par un kiosque de commerce, par un arrêt de tramway, par une information. Même les enseignes rivalisent d’audace pour attirer et informer le passant en se développant en surplomb des rues par des structures de bambou ou de métal dignes des recherches de Peter RICE !  

Du fait d’un parcellaire ancien, la surface au sol des tours est parfois très réduite et elles s’élancent, fines comme des crayons, sur 35, 50 80 étages « at least ».

HSBC (Hong Kong & Singapour Bank !) de Sir N.Foster affirme par sa technique constructive et sa « transparence » très Feng Shui l’esprit de l’établissement : une banque solide et à l’écoute de ses clients, une banque « transparente », une banque ouverte, une banque liée à son origine et à son territoire.

La BANK of CHINA de PEI indique la volonté d’aller plus haut (elle dépasse la HSBC en hauteur) et sa façade découpée en triangles s’illumine la nuit et forme un éclair vers le ciel.

Pas de transparence, une assise au sol massive, pas FENG SHUI, elle montre la Chine Nouvelle qui n’a  peur de rien, se constitue hors de l’histoire et voit plus haut.

A Hong Kong comme San Gimignano en Toscane, l’architecture sature l’espace et les édifices sont en compétition les uns avec les autres pour affirmer le dynamisme du commerce et du libéralisme.

A Macao, c’est autre chose, l’ancienne colonie Portugaise, petit « paradis » d’échelle de couleurs de calme, de douceur, est noyée au milieu des hôtels et casinos de luxe ; l’architecture des constructions nouvelles voulues par le gouvernement Chinois est à proprement parler «  délirante ». Ce dernier veut concurrencer Las Vegas (pour les amateurs relire R KOOLAS et R VENTURI !!!)

Macao « l’enfer du jeux » pour reprendre le titre d’un film américain des années 60, avec Victor Mature est devenu « l’enfer de l’architecture ». Celle-ci veut offrir aux  visiteurs des ambiances déconnectées du réel, où le luxe se dépasse lui-même par des matériaux extraordinaires, des volumes extraordinaires, une abondance de surfaces, d’espaces, des décorations où même un Galliano est dépassé par la superposition, l’assemblage de matières clinquantes sans référence à aucune culture même si la fleur de lotus est le point d’ancrage de l’hôtel NEW LISBOA.

Le but est de déconnecter les visiteurs du réel afin de les entraîner dans les délires du jeu ; ça tient à la fois « d’Alice au pays de merveilles », du magicien d’Oz et de l’Enfer pas celui de Dante mais celui de Bosch.

Christian LAROCHE

 Christian LarocheArchitecte-Urbaniste

Fondateur en 1987 de l'Agence Laroche-Morel-Thoreau puis Laroche Jard et associés. 

Enseignant à Paris-Val de Seine, conférencier au CAMO. 

Croit profondément que l'architecte, encore plus que tout autre,  doit "œuvrer pour le meilleur bien commun". 

Crédits photo: Christian Laroche, -MH-