fr en
Logo de 13Atmosphere

Evocation

VISITE IN SITU 12 November 2024

Médiathèque James Baldwin* & Maison des réfugiés. 
Place des Fêtes, Paris XIXème. 
 
Choisir de conserver le bâtiment plutôt que de le déconstruire, le considérer comme une carrière, un « gisement », de façon à réemployer le produit de la déconstruction sur place ou ailleurs. Enfin retrouver les qualités propres du bâtiment, en tirer parti et les mettre en valeur tout en créant un nouveau projet. 
  

Archinov avait reçu Philippe Madec en 2008 pour une Carte Blanche et visité avec AMO en décembre 2023 le chantier de la Médiathèque James Baldwin et la Maison des réfugiés qui sera livré en 2024. Philippe Madec est intervenu sur ce projet au salon EnerJ Meeting le 06 février 2024.  

Situé à Paris XIXème, ce projet de réhabilitation d’un ancien lycée hôtelier (devenu accueil de réfugiés) de près de 4 700 M2 porte l’ambition de la Maîtrise d’Ouvrage-la Ville de Paris de commander des bâtiments écoresponsables.  
Ce double programme (unique au monde d’après Philippe Madec), reprend les grands axes que l’agence met en œuvre depuis longtemps, avec ses partenaires.  
- Conserver l’ensemble des deux bâtiments, pur produit des années 70, bien qu’il n’ait pas de qualité particulière en l’état, si ce n’est d’avoir son carbone déjà stocké et d’être en béton, un béton parfaitement industrialisé, qui ne sera plus caché mais mis en valeur. 
- La radicalité structurelle et le nombre d’ouverturescréent la nouvelle trame. 
- Les planchers sont conservés, de larges trémies y sont ménagées pour relier les niveaux et favoriser la convection naturelle. Les découpes sont stockées sur place et seront réemployées pour le dallage du parvis. 
- Isoler fortement par l’extérieur pour rendre le bâtiment passif et conserver l’aspect du béton brut à l’intérieur.  
- Les toitures sont végétalisées et pourvues de panneaux photovoltaïque, le chauffage est fourni par le CPCU. 
Philippe Madec souligne que le bâtiment doit être en relation maîtrisée avec l’extérieur, l’environnement est donc traité dans ce sens. Le patio créé au centre a permis de retrouver la pleine terre et favorise la circulation de l’air et de la lumière naturelle des espaces au pourtour. 

Une autre particularité est l’insertion de cloisons en terre crue, en association avec l’agence Nicolas Miessner Architecte et l’expertise de BETerre, pour apporter une inertie thermique. 
La mise en œuvre de ces cloisons, expérimentale, a été exécutée hors site dans une centrale à béton et bien que la terre provienne des excavations du Grand Paris, l’usine est située en Allemagne non loin de Strasbourg. 
(En espérant qu’une centrale de ce type puisse exister rapidement en Ile de France et dans d’autres régions, de façon à modérer les coûts et le bilan carbone du transport, et par là-même permettre la généralisation de ce procédé, prometteur). 

Comme nous le rappelle Philippe Madec, la banche a été inventée par les piseurs au XVIIIème siècle (et même dès la fin du XVIIème siècle) et c’est un juste retour du procédé, largement amélioré par la technologie du béton, vers la terre crue. Celle-ci n’est pas traitée en structure porteuse, les panneaux sont encastrés entre les poteaux bois. 
Entre la médiathèque et la maison des réfugiés, un bâtiment « lien » a été créé. Cette espace de circulation en ossature bois (non chauffé) relie les deux entités, favorisant à chaque niveau la rencontre des deux fonctions et bien sûr des liens entre les différents usagers.  
Habillée d’une résille de petites sections de bois assemblés, elle créé un contraste non seulement avec les bâtiments rénovés mais aussi avec les barres de la Place des Fêtes, celle en partie arrière formant une toile de fond assez impressionnante. 
 
Un objet plus qu’un bâtiment, ce lien apporte une touche poétique, évoquant un nid, une cabane, ou encore une nasse, il est comme un signal, émergeant des bâtiments, visible de loin et intrigant… 
Avec ses espaces jardins « de lecture » largement ouverts vers la place, c’est comme un îlot dans cette curieuse Place des Fêtes. 
Philippe Madec nous prédit que le café associatif ne désemplira pas, le RDV est pris! 

 
Dom Palatchi 

Crédits photo: Atelier Philippe Madec

 
* James Baldwin (1924-1987) est un écrivain américain,figure de l’émancipation des Afro-américains et des homosexuels aux États-Unis. Il a vécu en France dès l’âge de 24 ans et est un des symboles des luttes sociales du XXème siècle. 

www.atelierphilippemadec.fr